IL est 10h30mn. Le ministre de la Justice, Abdelouahed Radi, est en retard d’une demi-heure sur le rendez-vous qu’il a donné à la presse en cette chaude matinée du 4 septembre. En effet, plus d’une trentaine de journalistes attendent dans la salle de conférences du ministère à Rabat. C’est la première sortie médiatique du ministre socialiste depuis le discours royal du 20 août. Le Souverain, faut-il le rappeler, l’avait entièrement consacré à la réforme de la justice en en traçant même les grandes lignes.
Radi, avec une voix discrète, entame son speech par un petit rappel historique sur la genèse de la réforme. A sa gauche, dix directeurs du ministère, à sa droite ses quatre conseillers. L’on saura par exemple que le ministre de la Justice «a présenté, fin 2008 à Ifrane, un diagnostic au Souverain». Soit un peu plus d’un an après son arrivée à la tête du département de la Justice. Il y dresse le portrait de ce secteur malade et y formule quelques propositions.
Abdelouahed Radi ne rentre pas dans les détails lorsqu’il évoque les consultations entreprises avec les professionnels du droit, les partis politiques, les ONG, les parlementaires… Et qui feront à leur tour l’objet d’un rapport de synthèse. Pas un mot non plus sur le contenu des débats. Aucun document de presse ne sera d’ailleurs remis aux journalistes. Dans son cabinet, l’on estime que «le plus important est à venir». Mais, toujours est-il que les socialistes trônent depuis 7 ans à la tête d’un département qui était, jadis, considéré comme ministère de «souveraineté».
Radi se veut pragmatique lorsqu’il parle des «sept commissions qui vont plancher sur la réforme des lois, de la justice…». L’on apprend ainsi que les magistrats, comme les ministres, doivent se conformer à la déclaration du patrimoine. Toutefois la loi publiée au BO du 6 novembre 2008 attend toujours les décrets d’application. Une fois ces derniers publiés, les concernés auront un délai de six mois pour s’y conformer. Les juridictions militaires seront aussi visées par la réforme.
Le ministre a également annoncé la construction de 22 tribunaux entre 2009 et 2012 (4 Cours d’appel et 18 tribunaux de première instance). Une vingtaine d’autres seront aussi réaménagés.
Sur le plan des ressources humaines, le ministre a rappelé que le département de la Justice compte 3.165 magistrats et 12.000 fonctionnaires. Une première: le ministère va créer annuellement 1.000 postes budgétaires, dont le tiers réservé aux juges. Ce pourcentage a été retenu car «l’Institut supérieur de la magistrature ne peut pas former plus». Cette année, près de 400 nouveaux magistrats ont été recrutés. A ce rythme, l’on dépassera, selon le ministre, un millier de juges d’ici trois ans.
Actuellement, le budget de fonctionnement du ministère est de 270 millions de DH. Confiant, Radi compte obtenir une augmentation substantielle de ce budget lors de la loi de Finances 2010. Cette année, son ministère table sur une enveloppe globale de 749 millions de DH.
Faiçal FAQUIHI