Après plusieurs relances infructueuses pour l’encaissement d’une facture, certaines entreprises sont obligées de céder parfois au chantage de leurs clients. Pour éviter de s’engager dans une procédure judiciaire longue et coûteuse, elles sont contraintes de concéder une ristourne pour être remboursées et surtout, ne pas tout perdre.
Ces récits de dirigeants des petites entreprises sont récurrents et leur bourreau sont pour la plupart des entreprises qui ont pignon sur rue, se plaignent-ils. Pour les autres victimes des délais de paiement, la situation ne s’était guère améliorée en 2018, dernière année disponible.
Les délais se sont dégradés de 24 jours à 212 jours en moyenne pour les TPE en 2018 selon l’enquête d’Inforisk. Ils se sont établis à 113 jours pour les PME (-3 jours sur un an) et 96 jours (+ 4 jours) pour les grandes entreprises.
Au niveau sectoriel, les délais clients frôlent ou dépassent 200 jours dans la construction, les services aux entreprises, les télécommunications. Mais les entreprises y règlent leurs fournisseurs autour de 100 jours. Les délais clients et fournisseurs s’affichent à 50 jours dans l’hôtellerie et la restauration. Le premier grimpe à 157 jours dans le commerce de détail contre 102 jours pour les délais fournisseurs. Globalement, le crédit interentreprises s’est fixé à 392 milliards de DH à fin 2018.
La multiplication des alertes n’a rien changé au comportement des entreprises envers les TPE. Celles-ci sont systématiquement en position de prêteur avec un écart moyen de 91 jours entre leurs délais clients et fournisseurs. La situation est moins tendue pour les PME avec un différentiel de 9 jours.
Toutefois, les PME de moins de 50 millions de DH de chiffre d’affaires sont moins bien loties que plus grandes qu’elles. Après les mises en garde, le gouvernement veut sortir le bâton pour dissuader les mauvais payeurs. Les entreprises dont les délais de paiement seront supérieurs aux limites réglementaires (60 jours et maximum 90 jours contractuellement) se verront infliger des sanctions pécuniaires.
Les cycles d’exploitation n’étant pas les mêmes selon les activités, le gouvernement va parallèlement réactiver les accords dérogatoires pour une période déterminée pour les branches professionnelles qui le souhaiteraient d’appliquer des délais supérieurs à 90 jours.
Une fois le dispositif de sanction opérationnel, 3 entreprises sur 4 seraient passibles d’une amende. En effet, 72% des entreprises n’honorent pas leur facture dans les délais. Mais cette vue générale ne rend pas compte de la diversité des situations. Certains ajournements sont plus pénalisants que d’autres. Pratiquement 1 entreprise sur 3 règle ses fournisseurs avec plus de 120 jours de retard. Les reports compris entre 61 jours et 120 jours concernent 15% des entreprises.
Par ailleurs, une entreprise sur huit rajoute jusqu’à 30 jours à la date convenue. Dans un environnement devenu très vicieux, des entreprises se démarquent en réglant leur facture en temps et en heure. Elles représentent 29% de l’échantillon.