La chasse aux «bonnes affaires» a commencé. La période des soldes a démarré sur les chapeaux de roues cette année. Certaines franchises mènent des réductions importantes. Sont-elles réelles ou juste une publicité mensongère? Une petite promenade dans des boutiques de prêt-à-porter avant et après l’annonce des braderies révèle bien des pratiques sournoises.
Contrairement aux pays de l’Europe, la période des rabais au Maroc n’est pas fixe et générale. Elle est déterminée selon la volonté de chaque opérateur. A défaut d’une harmonisation des dates, certaines enseignes n’hésitent pas à faire des soldes une politique s’étalant sur toute l’année. Par ailleurs, pour une grande majorité, c’est la société mère qui dicte la date de début et de fin des rabais.
Des réductions pouvant atteindre jusqu’à 80%, plusieurs articles au prix d’un seul, une paire achetée et une autre offerte, les astuces marketing ne manquent pas. Cependant, leur influence sur le comportement des consommateurs reste indéniable. Frappés soudainement par la fièvre acheteuse, ces derniers se rabattent sur les magasins et n’en sortent qu’une fois les mains pleines de sacs. «Notre chiffre d’affaires a augmenté de plus de 50% durant la même période de l’année passée», affirme fièrement la responsable d’un magasin de chaussure situé au cœur de Casablanca. Mais la clientèle, de plus en plus avisée, sait pertinemment que les soldes ne sont qu’une tromperie. «Je ne crois plus à ce gros mensonge que sont les soldes». Pointant du doigt des chemises dont l’étiquette mentionne un rabais de 30%, elle ajoute: «ces chemises-là, par exemple, coûtaient 400 DH il y a une semaine, et aujourd’hui encore, le prix n’a pas changé malgré l’annonce des rabais, c’est de l’arnaque pure et simple». Une autre à côté se joint à la discussion, «la majorité des articles soldés sont souvent défectueux ou passés de mode, mais parfois on peut faire de bonnes affaires, comme avec ce pantalon que je viens d’avoir à 300 DH au lieu de 430».
Eu Europe, les soldes permettent aux opérateurs de liquider leurs stocks invendus, mais dans le respect de certaines conditions, sinon ils sont passibles de sévères sanctions. Les soldes sont impérativement précédés par une campagne publicitaire, ils ne peuvent par ailleurs porter que sur une marchandise payée au moins un mois au préalable.
Au Maroc, en l’absence d’une réglementation, les soldes se déroulent dans une anarchie qui cache bien des manœuvres insidieuses. «Actuellement, la pratique est régie par la loi sur la concurrence en attendant la promulgation du texte de loi relatif à la protection des consommateurs», affirme Abdel Ilah Kachachi du ministère du Commerce et de l’Industrie. Rappelons à cet effet que ce projet de loi dont un article est dédié à la pratique des soldes, susceptible de mettre fin aux nombreux dérapages observés, existe depuis bien des années sans être jamais promulgué. «La commission du secteur productif au Parlement est en train de l’étudier, et on attend toujours son adoption», ajoute Kachachi.
En attendant, les franchises pourront accorder leurs violons et se donner une date unifiée pour les soldes. Cette dernière serait bien entendu la bienvenue, aussi bien pour les consommateurs que pour les commerçants. Le tout est de bien organiser la profession. Car beaucoup en profitent encore pour arnaquer les gens avec de fausses réductions. De plus, les périodes de soldes ne doivent pas être indéterminées ou illimitées dans le temps. Il faut respecter des périodes bien précises, à défaut on risque d’aller vers une forme de concurrence illégale.
Bouchra ALAOUI ISMAILI