Depuis quelques années, le nombre des salles de sports privées n’a cessé d’augmenter dans l’ensemble du territoire national.
Elles sont implantées partout : dans des quartiers huppés comme dans quartiers populaires. Comment sont-elles ces salles? Répondent-elles à l’arrêté conjoint du Premier ministre et des ministères de l’Education nationale et de la Jeunesse et des Sports n° 1873-03 du 8 décembre 2003 relatif à l’exploitation des salles et établissements privés de sports et d’éducation physique ? Les cadres sportifs qui y exercent ont-ils des diplômes requis pour enseigner une activité d’entraîneur ? Autant de questions qui viennent directement à l’esprit en évoquant les salles de sports privées. A Sidi Bernoussi, Hay Mohammadi, Maârif ou California… c’est la ruée vers l’ouverture des salles de sports privées.
Il y en a pour toutes les bourses et pour tous les goûts. Mais souvent, certaines de ces salles, notamment celles situées dans des quartiers périphériques, ne répondent pas au minimum d’hygiène défini dans le guide de l’exploitant des salles et des établissements privés de sports. Selon l’article premier de l’arrêté conjoint précité, les salles et les établissements privés de sports ou d’éducation physique prévus à l’article 37 de la loi n°06-87 doivent présenter les garanties minimums d’hygiène, techniques et de sécurité. Ainsi, l’aire de travail doit être de quatre mètre carrés au minimum par usager, la hauteur du plafond du local doit être de 3 mètres au minimum, les angles vifs, piliers ou tout autre obstacle doivent être protégés ou capitonnés, les fosses fixes de réception ainsi que l’utilisation du verre armé dans le vitrage sont interdites, le matériel et les équipements sportifs utilisés pour l’enseignement et la pratique des activités physiques et sportives doivent être conformes aux prescriptions et normes techniques adoptées par les fédérations sportives nationales.
Concernant le volet »équipements hygiéniques et sanitaires », la loi en vigueur stipule que tout local affecté à toute activité sportive doit être doté d’un système d’aération ou de ventilation assurant un »renouvellement d’air d’au moins 30 mètres cubes par personnes et par heures » et d’un équipement hygiénique et sanitaire suffisant, au moins deux toilettes, une salle de douches collectives dotée de huit pommes de douches et de deux cabines de douches individuelles.
En outre, il doit être doté d’un téléphone sur lequel ou à proximité duquel doivent être affichés les numéros d’appels des services de la Protection civile, du médecin responsable de la salle et d’un l’hôpital.
Et ce n’est pas tout… Les personnes physiques ou morales qui exploitent un établissement de sport privé doivent souscrire une assurance garantissant la responsabilité civile de l’exploitant lui-même et de ses préposés, des personnes exerçant leurs activités dans l’établissement sous les ordres de l’exploitant ou avec son autorisation et des personnes habituellement ou occasionnellement admises dans l’établissement.
Les clubs ou salles de sports privés doivent également exiger des personnes qui les fréquentent de produire lors de leur inscription un certificat médical attestant de leur aptitude à la pratique des activités physiques ou sportives enseignées et qu’elles sont indemnes de toute maladie contagieuse.
Et pour finir, n’est entraîneur sportif qui veut… Selon le règlement en place, toute personne voulant exercer l’activité d’entraîneur doit être titulaire d’un diplôme de qualification professionnelle.
Ceci est dans les papiers, mais la réalité est autre, notamment dans les banlieues populaires où ce règlement est bafoué. Interrogé sur les raisons qui font que les inspecteurs assermentés du ministère de la Jeunesse et des Sports en charge de contrôler ces salles ne sévissent pas en cas d’infraction, Abdellah El Malhouf, inspecteur assermenté chargé du contrôle des salles privées de sports, a indiqué que ces salles mêmes si certaines d’entre elles ne répondent pas aux normes, elles permettent aux jeunes de pratiquer une activité sportive au lieu de squatter les rues. Et d’ajouter: »On préfère le dialogue avec les propriétaires de ces salles au lieu de suivre la procédure juridique en cas d’infraction ». Même son de cloche chez Rachid Lakhchai également inspecteur assermenté, qui affirme que le procès- verbal est le dernier recours des inspecteurs qui préfèrent résoudre les problèmes par le dialogue.
Et d’ajouter que de plus en plus les salles se mettent à niveau en raison de l’arrivée d’une nouvelle génération de salles ultra-modernes qui poussent les anciennes à suivre le rythme, sinon elles fermeront leurs portes puisque les Marocains sont de plus en plus exigeants au niveau de la qualité.
Deux univers se côtoient: celui des salles de sports modernes et celui de celles des quartiers populaires. Mais la palme d’or dans la formation des champions revient incontestablement aux salles dites »populaires » qui restent les véritables pourvoyeurs de champions dans les différentes disciplines sportives.
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les infractions prévues par la loi sont constatées par un procès-verbal dressé soit par un inspecteur de l’administration des sports assermenté et commissionné à cet effet, soit par un officier de police judiciaire. Ainsi, toute personne physique ou morale qui procède à l’ouverture d’une salle ou d’un établissement privé de sport sans en avoir fait une déclaration préalable à l’administration est punie d’une amende de 200 à 2.000 DH. Et toute personne qui exploite une salle de sport sans respecter la déclaration préalable est punie d’une amende de 200 à 5.000 DH. Et toute personnes physique ou morale qui exploite une salle ou un établissement privé de sport ne remplissant pas les conditions réglementaires d’hygiène et de salubrité est punie d’une amende de 500 à 5.000 DH.
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«En cas d’infraction, la pénalité peut aller jusqu’à la fermeture de l’établissement»
Matin Sports : Quelles sont les conditions que doivent remplir les salles de sports privées pour répondre aux normes de la loi en vigueur?
Abdellah El Malhouf : Il existe un certain nombre de normes qu’il faut respecter et que je ne peux pas citer en intégralité. Parmi celles-ci, l’aire de travail doit être de quatre mètres carrés au minimum par usager, la hauteur du plafond du local doit être de 3 mètres au minimum.
La loi en vigueur stipule que tout local affecté à toute activité sportive doit être doté d’un système d’aération ou de ventilation assurant un renouvellement d’air d’au moins 30 mètres cubes par personne et par heure, d’un équipement hygiénique et sanitaire suffisant.
En cas d’infraction, quelle est la procédure suivie pour un rappel à l’ordre de l’exploitant qui ne respecte pas la réglementation en vigueur ?
Dans le cadre de notre travail, nous effectuons des visites inopinées pour les salles de sports qui sont dans l’arrondissement d’Anfa.
Chaque fois que nous constatons qu’une salle ne remplit pas les conditions en vigueur, on interpelle le propriétaire ou le gérant de l’établissement en lui faisant comprendre que son local destiné à la pratique du sport n’est pas en règle. Ensuite, on le somme de corriger les anomalies constatées. Notre but n’est pas de sanctionner pour sanctionner mais d’essayer de tirer vers le haut ces salles privées, notamment celles qui se trouvent dans des quartiers périphériques.
On lui fixe un délai pour se mettre aux normes. Mais lorsque le délai fixé est expiré et que rien n’a été fait, on dresse un procès-verbal et c’est le tribunal de première instance qui impose la pénalité à infliger aux contrevenants. Cette pénalité peut aller jusqu’à la fermeture de l’établissement. Mais ce n’est pas notre philosophie parce que ces salles jouent un rôle primordial dans l’insertion des jeunes. Au lieu qu’un jeune passe ses journées dans la rue à ne rien faire, il est préférable qu’il pratique du sport.
Est-ce qu’il existe des salles de sports qui échappent à votre contrôle ?
Exactement, il existe quelques salles qui ne sont pas soumises au contrôle du ministère de la Jeunesse et des Sports. Ces salles sont généralement celles qui se trouvent dans des hôtels et qui sont contrôlées par le ministère du Tourisme.
Combien de disciplines sportives peut abriter une salle privée ?
Généralement, ça peut aller de trois jusqu’à 8 disciplines.
Quels sont les documents que doit fournir toute personne désirant ouvrir une salle de sport ?
Le dossier de la déclaration doit contenir un descriptif de la salle ou l’établissement devant abriter les activités physiques et sportives, une déclaration précisant les mesures et les dispositions prises en vue de garantir les conditions d’hygiène, techniques et de sécurité requises, liste des dirigeants de l’établissement, le règlement intérieur de l’établissement. La liste et les qualifications éducatives et professionnelles ainsi que les diplômes des dirigeants, un extrait date de naissance, un extrait du casier judiciaire, un certificat médical le déclarant apte et indemne de toute maladie contagieuse, le contrat d’assurance garantissant sa responsabilité civile. Le dossier de la déclaration est examiné par la délégation dans un délai de 90 jours suivant la date de dépôt de la déclaration.
Est-ce que vous disposez de moyens suffisants pour mener à bien votre mission?
Pas du tout. C’est d’ailleurs ce qui fait défaut à notre profession. Nous aimerions avoir plus de moyens pour mener à bien notre mission.
Par Abderrahman Ichi | LE MATIN | |