Médecine libérale : La réforme oui, mais sous conditions!

Médecine libérale : La réforme oui, mais sous conditions!

Publié le : - Auteur : L'Economiste

Yasmina Baddou, ministre de la Santé, rassure. Elle privilégie le dialogue et la concertation et ne veut pas «faire passer les lois en force». La ministre fait référence à la révision de la loi 10-94 qui suscite des angoisses auprès des professionnels du privé surtout le volet de la libéralisation du capital médical (cf. www.leconomiste.com).
«Les amendements permettront au secteur de bénéficier de fonds supplémentaires dans le cadre d’un partenariat public-privé…», a affirmé la ministre samedi dernier lors d’un forum de réflexion organisé par le Collège syndical national des médecins spécialistes privés. C’est dans ce sens que son département a créé une unité dédiée à ce partenariat.
A l’heure où le monde hospitalier est en ébullition, il est urgent de donner des gages aux médecins. Ces derniers veulent une réforme avec un diagnostic juste, une libéralisation contrôlée et surtout une couverture des zones non médicalisées. Les médecins privés refusent que la santé des Marocains dépende des «calculs des investisseurs». Certains dénoncent même «une loi qui cale l’hôpital sur l’entreprise». «Les intérêts des financiers ne doivent pas primer sur ceux de la santé du citoyen», indique Dr Saâd Agoumi, président du Collège syndical. «Il faut bien structurer le cahier des charges à l’attention de toute structure de soins», dit-il. Préserver la liberté du praticien dans le cadre de l’exercice libéral est l’une des revendications des médecins. Agoumi mentionne aussi le danger de la mainmise du financier sur l’intégrité et l’autonomie du travail du médecin. Pour les praticiens étrangers, il faut garder les dispositions légales existantes de séjour et de conditions civiques et conjugales.
Les médecins étrangers doivent être sélectionnés en fonction de compétences vérifiées et de besoins spécifiques de formation, pour une durée courte et déterminée. Agoumi attire l’attention sur la désertification médicale, outre la barrière de la langue. «Des souffrances, il y en a», de l’avis du spécialiste qui cite une pratique non soutenue par le système financier et fiscal: la TSC (Taxe de services communaux) nouvellement créée et patente surévaluée. Par ailleurs, le Collège syndical propose d’exclure le TPA (Temps plein aménagé) dans les fondations puisque ce ne sont pas des lieux d’enseignement. Il s’agit d’éclaircir leur statut, les ouvrir aux praticiens privés et n’y admettre aucun salariat médical.


La grogne des médecins-dentistes
· L’AMO n’englobe pas les soins dentaires


· La CNSS fixe le délai de 2012-2013 pour une éventuelle couverture


· Haro sur l’exercice illégal

Les médecins-dentistes sont en colère. Et pour cause, l’Assurance maladie obligatoire sera étendue pour englober tous les soins ambulatoires à l’exception des soins dentaires. Ces derniers ne sont pas, en effet, inclus dans le panier des soins pris en charge. Cette décision a été entérinée lundi 16 mars par le conseil d’administration de la CNSS. Le CA s’est fixé le délai de 2012-2013 pour rediscuter d’une éventuelle couverture des soins dentaires, les plus coûteux des soins médicaux. Une décision qui devrait au préalable faire l’objet d’une étude de l’Anam (cf. L’Economiste du 18/3/2009). Pourtant une convention signée entre les médecins-dentistes et une délégation spéciale précise que l’AMO devait intégrer les soins dentaires à partir de cette année. «Pas de remboursement, pas de soins dentaires», affirme Dr Jaouad Charaa, président du conseil national de l’Ordre des médecins-dentistes. Cette instance souhaite ouvrir le dialogue avec le ministère de tutelle et l’Anam, notamment pour présenter les doléances des médecins-dentistes.
D’ailleurs, une lettre ouverte a été adressée dans ce sens aux parties concernées.
Alors pourquoi les soins dentaires doivent-ils attendre jusqu’à 2012? «Les citoyens consomment beaucoup par rapport à ces soins. Ce qui risque de vider le fonds qui vient de démarrer», est-il expliqué auprès du service des assurés à la CNSS. La priorité est ainsi donnée aux maladies graves et de longue durée. A noter que toutes les maladies, notamment ophtalmologiques, devront être inclues dans l’AMO à partir du mois d’octobre, à l’exception des soins dentaires.
Pour Charaa, cette situation va encourager le charlatanisme. «Il est impératif de promouvoir la profession à travers la lutte contre l’exercice illégal sous toutes ses formes», souligne d’emblée le président.
Pour rappel, les médecins-dentistes souhaitaient relancer les négociations avec les organismes gestionnaires de l’AMO pour le réajustement de la convention tarifaire et la mise en œuvre des outils de régulation. Sur ce volet, les organismes gestionnaires se sont engagés à procéder au remboursement et à la prise en charge sur la base de la tarification nationale de référence telle qu’elle a été fixée dans la convention pour les prestations de soins dentaires.
La profession compte aujourd’hui 3.300 dentistes dans le secteur privé inscrits à l’Ordre et près de 250 dans le public (facultés de Casablanca et Rabat, médecins militaires…). Pour pouvoir déterminer le nombre exact des dentistes, le plan d’action du conseil national prévoit une procédure d’inscription au tableau de l’Ordre à partir de 2011.

Fatim-Zahra Tohry

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