Les cols blancs plus tentés par la fraude

Les cols blancs plus tentés par la fraude

Publié le : - Auteur : L'Economiste

30% des entreprises interrogées dans le monde disent avoir été victimes d’une fraude au cours des 12 derniers mois. 43% des entreprises qui ont relevé des fraudes ont constaté une augmentation de leur nombre. C’est le résultat de la cinquième édition de l’étude mondiale sur la fraude dans les entreprises réalisée par PricewaterhouseCoopers. Les conclusions ont été présentées à Casablanca aux «Matinales» de PWC. Le réseau international d’audit est implanté au Maroc depuis la rupture avec son ancien partenaire marocain.
Et attention, la fraude vient de ceux en qui vous avez le plus confiance. Les entreprises victimes ont indiqué que 53% de ces fraudes ont été commises en interne. Le middle management est particulièrement exposé. Il est à l’origine de 42% des fraudes contre 26% en 2007. Le middle management connaît généralement bien les systèmes et procédures, ce qui lui permet de les contourner plus facilement s’il veut commettre une fraude. Ce constat est d’autant plus préoccupant que cette catégorie de personnel constitue une population en qui la direction a confiance.
Par ailleurs, les résultats ont confirmé l’effet de la crise. En effet, cette dernière constitue un facteur aggravant pour le risque de fraude en raison de l’augmentation des pressions sur les individus et des réductions du personnel en charge de la réalisation des contrôles. 4 entreprises sur 10 considèrent que la crise économique crée un climat propice à l’augmentation des fraudes. Celle-ci est liée à la pression qui augmente sur les managers pour atteindre leurs objectifs, explique Dimitri Kossarev, responsable Litiges et Investigations chez PWC. Ce sont 68% des entreprises qui considèrent que la crise vient augmenter les risques de fraude. Elles attribuent cette augmentation à une plus grande difficulté à atteindre les objectifs. La fraude semble être un moyen d’atteindre les objectifs et de sécuriser les primes et autres éléments de rémunération indexés sur les performances de l’entreprise. Parmi les autres facteurs, il apparaît que la perte potentielle de son emploi et la réduction de la taille des équipes affectées au contrôle interne constituent aussi un risque aggravant. La fraude peut prendre plusieurs formes: détournements d’actifs, fraude comptable et corruption. L’étude révèle cette année une augmentation significative des fraudes comptables: 38% des entreprises se disent avoir été affectées par ce type contre 27% en 2007.
Le détournement d’actifs reste la plus répandue. La corruption est en 3e position, mais recule légèrement par rapport à la précédente étude. Les fraudes comptables coûtent plus cher que les détournements d’actifs. Sans oublier le coût lié à l’image de la société, le cours de Bourse…
Le secteur des télécoms et le secteur financier sont plus touchés que les autres, le secteur public plus que le privé. Et plus la taille de l’entreprise est grande, plus les fraudes sont nombreuses. Cette situation est à mettre en relation avec l’existence dans les grandes entreprises d’organisations complexes où les failles exploitables sont plus nombreuses. Le remède est incontestablement la sanction. La plus courante est le licenciement du fraudeur. 85% des fraudeurs sont dorénavant licenciés (40% en 2007). La tolérance zéro est désormais de mise. Les entreprises anticipent une hausse des fraudes. La bonne nouvelle est que les dispositifs de contrôle interne détectent désormais une fraude sur deux.
En conclusion, l’étude suggère que les dirigeants doivent se fixer trois priorités: définir des objectifs réalistes aux salariés, tout en maintenant une étroite supervision sur le middle management, identifier les zones de vulnérabilité puis déterminer les contrôles ciblés, et maintenir la tolérance zéro.


3.037 réponses de 54 pays

L’ÉTUDE sur les fraudes économiques en entreprise a été réalisée par le cabinet PricewaterhouseCoopers. Il s’agit de la 5e étude du cabinet sur la question. Elle a été réalisée entre juillet et mi-septembre 2009 en collaboration avec l’Insead. 3.037 réponses ont été recueillies auprès de 54 pays sur la base de questionnaires complétés sur un site internet dédié. Il a aussi été demandé aux participants de préciser dans quel type d’entreprise ils travaillaient et le pays dans lequel ils se trouvaient.

J. K.

 

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