La CGEM exige une réglementation des délais de paiement

La CGEM exige une réglementation des délais de paiement

Publié le : - Auteur : L'Economiste

Petites, grandes ou moyennes, les entreprises vivent de manière quasi structurelle le problème de recouvrement. Et dans beaucoup de cas, les fournisseurs se transforment en banquiers de leurs clients. Selon les statistiques de Bank Al-Maghrib, en moyenne, un effet de commerce sur quatre retourne impayé. Et en période de crise, les délais de paiement se rallongent presque mécaniquement.
Pour l’instant, il n’y a  pas un  nombre de jours précis par rapport aux délais de paiement. Ce qu’il faut retenir c’est qu’au Maroc, le délai moyen de paiement est passé de 120 à 160 jours environ.  La réduction de ce délai est inéluctable. Les délais de paiement  dérivent de 5 à 6 mois, confie le président de la CGEM, Mohamed Horani. 
Alerté par une base inquiète, le patronat a décidé de monter au créneau. La CGEM veut pousser le gouvernement à adopter une réglementation des délais de paiement comme l’ont fait beaucoup de pays européens avec plus ou moins de réussite. «Il faudra instituer un délai maximum fixé par la loi», insiste le président de la Confédération patronale. La seule activité où les délais de paiement sont réglementés est l’assurance. Courtiers et agents d’assurances ont 45 jours pour reverser les primes des polices vendues aux compagnies.
Le patronat demande aussi que les délais de paiement des marchés publics soient réduits, «car cela va soulager la trésorerie des entreprises». Pourtant, le Trésor est aujourd’hui un bien meilleur payeur (en délai) que le secteur privé. C’est vrai, concède le patron des patrons qui se garde cependant de toute généralisation.
Pour le secteur privé, le président de la CGEM s’adresse surtout aux grandes entreprises auxquelles il demande plus de célérité dans le règlement des fournisseurs et sous-traitants. «Si les grands font des efforts, cela va faire boule-de-neige et entraîner une dynamique générale».

Retour de la préférence nationale

Le déficit structurel de la balance commerciale reflète surtout l’une des faiblesses de notre économie, analyse le patron des patrons.
A l’évidence, il faut craindre la casse lorsque les frontières auront été totalement ouvertes en 2012. Dans l’ensemble, observe-t-il, les performances de l’export sont médiocres. Pourquoi? Le président de la CGEM avance plusieurs raisons: primo, les entreprises ne sont pas assez compétitives par rapport à la concurrence internationale.
Ensuite, les modalités de commercialisation sur les marchés extérieurs doivent être repensées, suggère-t-il. «Nos exportateurs doivent emprunter des circuits de vente et être présents sur les marchés qui les rapprochent, autant que possible, du client final, ce n’est pas le cas aujourd’hui et cela ampute nos entreprises exportatrices d’une partie significative de leur marge bénéficiaire », diagnostique le patron des patrons.
Enfin, et l’on a souvent tendance à l’oublier, on ne protège pas assez notre économie de toutes sortes de marchandises qui viennent de partout, insiste le président de la CGEM. Pour lui, il va falloir apprendre à gérer la colonne «importations». La CGEM exige officiellement la mise en place des actions pour freiner le rythme des importations en impliquant les entreprises marocaines. Le président du patronat fait surtout allusion à la protection non tarifaire «comme le font la plupart des pays» par l’élaboration des normes marocaines. Le secteur privé doit s’impliquer activement dans ce processus, sinon, demain, on risque d’être balayé. Et le risque de représailles ? « De toute façon, la majorité des pays le pratiquent déjà », certifie le patron des patrons.
Pour ce dernier, c’est clair. L’ouverture des frontières doit s’accompagner également d’une capacité à gérer le flux des importations, qu’elles viennent d’Europe ou d’autres régions. Le développement de pratiques informelles comme la sous facturation à l’import font beaucoup de mal aux industries nationales, qu’elles opèrent localement ou sur d’autres marchés.
Mais il faut aller encore plus loin à ses yeux. Horani défend «sans complexe » l’application de la «préférence nationale, une pratique qui n’est pas incompatible avec les engagements internationaux du Maroc». C’est dit-il, «un sujet qui s’impose». Comme la mise en œuvre du dispositif des compensations industrielles que le gouvernement avait annoncé l’année dernière.


«Un smig régional n’a pas de sens»

Il faut distinguer entre deux catégories de dialogue, il y a des instances comme la CNSS où le conseil fonctionne de manière tripartite. Par ailleurs, il y a un autre dialogue qui se fait directement entre le patronat et les organisations syndicales. La CGEM a demandé et obtenu le changement de la formule actuelle: un face-à-face entre le privé et les syndicats et un autre entre l’Etat-employeur et les syndicats.
L’idée d’un smig régional n’est-elle pas choquante? Sur le principe, confie le président de la CGEM, l’idée même d’un smig est contestable. Horani dit préférer «le libre arbitre du marché: cela permettrait d’améliorer la flexibilité de l’emploi dans notre pays ». D’un autre côté, avoir un smig est tout aussi défendable pour des raisons sociales, mais «je ne crois pas à l’idée d’un smig régional», tranche le patron des patrons. «C’est trop complexe», ajoute-t-il.
Par contre, pour des secteurs qui sont mûrs, on peut imaginer des conventions sectorielles qui préciseraient les bases minimales de rémunération et les droits des uns et des autres. Par ailleurs, la CGEM est prête à participer au financement de l’indemnité pour perte d’emploi. Dans la proposition que la Confédération a présentée au conseil d’administration de la CNSS, la contribution patronale serait de 0,35% du salaire brut.


Gérer la crise tout en accélérant les réformes

La gestion de la crise focalise toutes les énergies, et avec peut-être le risque de mettre en veilleuse les réformes structurelles- droit de grève, TVA,…
Du côté public comme privé, la conviction est qu’il ne faut surtout pas que la gestion de la crise freine le rythme des réformes, rappelle Mohamed Horani. Dans les différents forums et rencontres, tout le monde est convaincu que «le traitement des difficultés conjoncturelles ne devrait pas prendre le pas sur les grandes réformes qui permettront d’accélérer le rythme de croissance et de développer l’export».

Abashi SHAMAMBA

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