Moudawana, 4 ans après: Bilan mitigé

Moudawana, 4 ans après: Bilan mitigé

Publié le : - Auteur : L'Economiste

LE Maroc célèbre aujourd’hui sa 1re journée nationale de la femme marocaine. L’occasion de revenir sur les acquis sociaux et économiques, apportés par le nouveau code de la famille. C’est la veille, jeudi 9 octobre, que le Ciofem (Centre d’information et d’observation des femmes marocaines) et le réseau national des centres d’écoute et d’orientation juridique et psychologique relevant de la LDDF (Ligue démocratique pour les droits des femmes) ont présenté le bilan de 4 années de mise en application de la Moudawana.
Le rapport fait état de certaines faiblesses quant à l’impact de l’application du texte. Mariage précoce, polygamie, filiation paternelle, partage des biens acquis pendant le mariage, héritage, pension alimentaire… autant de sujets sur lesquels il est urgent de se pencher, selon Fouzia Dassouli, présidente de la LDDF. Les derniers chiffres du ministère de la Justice révèlent une augmentation du nombre de demandes de mariages de mineurs de 2006 à 2007 passant de 30.312 demandes à 38.710, soit une hausse de 28%.
Le mariage des mineures représente 10% du nombre total de mariages. Mais la tendance s’inverse entre les villes et les campagnes. En 2006, le nombre de demandes à la campagne (13.505) est inférieur aux demandes en ville (16.807). Mais dès 2007, le nombre de demandes à la campagne (20.324) devient supérieur à celui en ville (18.386). Cependant, le nombre a augmenté de 50,5% à la campagne et seulement de 9,4% en ville. Le taux d’acceptation des demandes de mariage des mineurs est passé de 88,81% en 2006 à 86,79% en 2007, soit une légère diminution. Cependant, 159 demandes de mariage de fillettes de 14 ans et 1.862 de celles de 15 ans ont été acceptées en 2007. Parmi les facteurs accélérant le mariage précoce des mineures, l’abandon scolaire ainsi que des pratiques peu orthodoxes: lire la «Fatha» avec la famille de la jeune fille et mettre le juge devant le fait accompli ou encore obliger une mineure à épouser son violeur pour «préserver l’honneur de la famille». La ligue condamne ce genre de pratique ainsi que l’insuffisance des campagnes de sensibilisation quant au danger de ce type de mariage. Concernant la polygamie, il y a moins à s’en faire, le nombre de demandes baissant d’année en année. Le taux d’acceptation est passé de 85% en 2005 à 29,74% en 2007, même si le principal facteur enclenchant la démarche est principalement d’ordre matériel.
Le bureau avance par ailleurs une grande avancée concernant les divorces. En effet, la tendance est à la baisse du divorce Khol’ (répudiation moyennant compensation) de 10,07%. Parallèlement, le divorce par consentement mutuel et le divorce Chiqaq (divorce judicaire sur demande de l’un des époux pour raison de discorde) sont en hausse respectivement de 22,28% et 79,98% entre 2006 et 2007. Ce qui dénote une avancée concernant le droit de la femme de demander le divorce et surtout de l’obtenir par le biais de la justice. La LDDF s’en tient à lister ses recommandations qui, semble-t-il, restent lettre morte.

J. K.

Partagez