Adoptée en Conseil de gouvernement jeudi dernier, la 2e phase du plan gouvernemental pour l’égalité devra couvrir la période 2017-2021. Il s’inscrit dans la continuité de Icram 1, ayant suscité un long bras de fer entre Bassima El Hakkaoui, ministre de la Femme, de la Famille et de la Solidarité, d’un côté, et les ONG de l’autre. La plupart des projets lancés durant le mandat précédent sont rejetés par la société civile.
Aujourd’hui, la nouvelle stratégie de El Hakkaoui vise à «capitaliser sur les acquis et élargir les perspectives». Elle s’articule autour de 4 axes thématiques. Il s’agit notamment du renforcement de l’accès des femmes au marché de l’emploi et la consolidation de leurs capacités économiques. A cela s’ajoute la protection des droits des femmes au sein de la famille en plus de leur implication dans le processus de prise de décision. D’autres axes transversaux sont également prévus. Il s’agit essentiellement de la promotion des valeurs d’égalité et de lutte contre les discriminations, en plus de l’intégration de l’approche genre dans toutes les politiques publiques.
Globalement, le nouveau plan présenté par El Hakkaoui lors du dernier Conseil de gouvernement prévoit la mise en œuvre d’une centaine de mesures. La ministre reste consciente des difficultés de réalisation des objectifs fixés. Elle a pointé notamment l’importance d’appropriation de la philosophie de cette stratégie par les différents départements ministériels. D’autres obstacles pourraient aussi limiter l’implémentation d’Icram2 au niveau local. El Hakkaoui a ainsi reconnu la difficulté de résorber le gap entre les femmes et les hommes en matière d’accès à l’emploi, particulièrement aux postes de décision. Même s’il a été adopté en Conseil de gouvernement, le plan Icram 2 sera peaufiné par une commission ministérielle spéciale.
Cette 2e phase du plan gouvernemental pour l’égalité a été lancée alors que les objectifs de la 1re phase n’ont pas encore été atteints. Jusqu’à aujourd’hui, seules 117 mesures sur 156 ont été achevées. Lors de la présentation du bilan d’Icram1, El Hakkaoui a mis en avant ce qu’elle considère comme des avancées en matière de réforme législative.
Il s’agit notamment de l’adoption des projets de loi sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes par la Chambre des représentants, et sur l’Autorité de la parité et de lutte contre toutes les formes de discriminations. Or, ces deux textes ont suscité une levée de boucliers des associations féministes. Celles-ci ont déploré d’avoir été écartées du processus d’élaboration des deux projets. Leurs amendements, proposés dans des mémorandums n’ont pas été pris en compte, déplorent leurs dirigeants.
Face aux critiques de la société civile, la ministre a intégré dans «les réalisations» du plan Icram 1, des projets réalisés dans le cadre d’autres programmes. La ministre n’a pas hésité à considérer que l’accès aux subventions au profit de plus de 63.000 veuves constitue un exemple du renforcement des capacités des femmes. Elle a également inscrit dans le même tableau le désenclavement du monde rural, grâce au développement des infrastructures routières, car les femmes constituent 50% de la population de ces zones.
L’Apald adoptée en dépit des critiques
Le projet de loi sur l’Autorité de la parité et de lutte contre toutes les formes de discriminations a été adopté par la Chambre des conseillers. Il a été transféré à la 1re Chambre en 2e lecture. Ce texte a été rejeté par les ONG, qui n’ont pas été associées à sa préparation. En dépit de la multiplication des manifestations devant le Parlement et les conférences pour mettre à nu les défaillances qui limiteraient l’impact de cette Autorité, ni les propositions des associations, ni celles du CNDH, ayant publié un avis sur ce texte, n’ont été prises en compte.
Par Mohamed Ali Mrabi
Pour en savoir plus : http://www.leconomiste.com/article/1015918-droits-des-femmes-el-hakkaoui-lance-icram2