Laxisme. C’est le mot qui revient fréquemment dans les conversations des citoyens casablancais face à l’indifférence des autorités quant au respect de l’espace public. En effet, après le nettoyage opéré sous la direction de Driss Benhima, alors wali du Grand Casablanca, cafés et snacks se réapproprient allègrement les trottoirs de la ville. Grignotant sur le droit des piétons et les obligeant à emprunter l’espace réservé aux véhicules. Ce qui cause de nombreux désagréments. Et personne ne fait rien. Ni la wilaya, ni les communes et les arrondissements. Dans toute la capitale économique, on peut relever des infractions quant à l’occupation illégale de l’espace public. Certains cafés ont même construit des vérandas inamovibles pour augmenter le nombre des tables. En clair, les gérants de cafés, de restaurants, de kiosques agissent comme s’ils étaient les véritables propriétaires des trottoirs. C’est le cas également des marchands ambulants qui donnent l’air de posséder un titre de propriété sur l’espace public. Les quelques actions entreprises pour déloger les occupants illégaux demeurent sans effet. «Que font les autorités compétentes. L’anarchie règne sur les trottoirs et la chaussée», déclare, en colère, cette mère de famille. Et d’ajouter que «même les espaces qui avaient été nettoyés sont à nouveau occupés». Parmi eux, Jamaâ souk, les boulevards Tahar Alaoui, Anfa, etc.
Légalement, les autorisations d’occupation de l’espace public sont délivrées par la commune. Avec l’unité de la ville, le désordre atteint son comble: les arrondissements disputent au nom de la proximité cette attribution au maire. «La ville n’a pas l’intention de centraliser tout. L’arrondissement fait le constat des lieux et juge de l’octroi ou non de l’autorisation. Mais celle-ci n’est valable que si elle est signée par le maire, seul compétent en la matière», explique un cadre à la commune.
Et d’ajouter: «En cas de litige judiciaire entre le demandeur et la ville, c’est le maire qui doit trancher. C’est pour cela que la loi lui reconnaît une compétence exclusive en vertu des articles 47 et 50 de la charte communale».
Mais aujourd’hui, la cacophonie règne. «Les autorisations sont délivrées à la tête du client», affirme un cafetier. Et celles-ci sont actuellement délivrées par les arrondissements et les communes. D’où des abus de toutes sortes. «Et pour remettre de l’ordre dans tout cela, il faut de gros moyens», indique un agent de la commune urbaine de Casablanca. Si l’autorisation d’occupation du domaine public est octroyée par la commune, c’est la préfecture qui doit le libérer. «C’est une tâche difficile et peu de gouverneurs veulent s’y mettre», constate un fonctionnaire d’arrondissement.
La mairie de Casablanca rouvre le dossier d’occupation du domaine public. Face aux abus, celle-ci vient d’élaborer un «projet de charte des terrasses des cafés et de restaurants». Des copies viennent d’être adressées aux autres administrations (préfectures d’arrondissements et Agence urbaine). Ces dernières sont invitées à faire des propositions. Par la suite, le projet sera soumis au vote des élus. Selon un fonctionnaire à Dar Alkhadamate, «l’objectif est de combler le vide en matière de critères techniques d’occupation des espaces publics. En conséquence, traiter les gens sur un même pied d’égalité via des références techniques uniques».
Par ailleurs, la charte se propose de rétablir les droits des piétons casablancais et notamment des personnes à mobilité réduite. Les impératifs esthétiques, urbanistiques et de sécurité sont aussi pris en compte. Seuls les gérants de cafés, brasseries, glaciers et restaurants pourront, conformément à un cahier des charges très précis, exploiter des terrasses. A condition que cela ne gêne pas le passage des piétions ou l’accès aux habitations.
Surface et horaire
De toutes les dispositions de la charte, c’est la question de la superficie qui préoccupe les exploitants de cafés et restaurants. Dorénavant, il ne sera plus possible de marchander. Le piéton a la priorité. Ce dernier aura droit à 1,50 m de largeur sur le trottoir. Autre mesure, la longueur de la terrasse ne doit pas excéder celle de la façade du commerce. Les meubles de la terrasse comme les parasols et les stores sont aussi soumis à autorisation.
L’horaire de l’exploitation est aussi précisé. L’installation du mobilier en plein est possible de 7 heures à minuit, sauf pour les week-ends où l’exploitation se prolonge à 1 heure. Du 1er juin au 30 septembre, celle-ci est étendue à 2 heures.
Ali JAFRY
Source : http://www.leconomiste.com édition éléctronique du 16 avril 2008